Haegwan Kim interviewe Jeff Sutherland

La loi du succès 2.0

Pour la première partie de l'interview, cliquez ici ...

Conclusion :
HK : Le temps passe et j'aimerais donc vous poser quelques questions sur la réussite. Comment définissez-vous votre réussite en tant qu'ingénieur ?

JS : Ma définition du succès consiste à rendre le monde meilleur. Si je peux contribuer à ce que les gens soient plus heureux, plus motivés, plus performants, alors je réussis. L'objectif de Scrum était basé sur le travail que j'ai effectué sur les prêts aux micro-entreprises. Le professeur Yunus, au Bangladesh, a mis au point un programme consistant à donner un peu d'argent à des personnes très pauvres pour qu'elles élaborent leur propre plan d'entreprise et le mettent en œuvre. Ils finissaient par se débrouiller tout seuls. Scrum a été conçu pour faire la même chose. Donnons à l'équipe un peu de capacité et laissons-la découvrir comment aller très vite. Scrum a donc été conçu pour transformer des équipes de développement qui étaient toujours en retard et sous pression en équipes qui s'amusaient beaucoup, qui avaient beaucoup d'énergie et qui construisaient des produits formidables. L'objectif était donc de libérer les équipes de leurs chaînes. Elles subissaient la pression de la direction, qui les battait sans cesse. Je leur ai dit : "Vous pourriez vivre une vie meilleure. Vous pourriez avoir une vie où vous innovez, où vous vous amusez, où c'est un plaisir de venir travailler." Vous pouvez le faire d'une manière qui vous permet de construire tellement de logiciels, vous auriez cinq à dix fois plus de logiciels et vous pourriez faire beaucoup plus avec beaucoup moins de travail. C'est une vie bien meilleure, et cela permet aux gens de prendre l'initiative. Cette poussée est pertinente pour le travail, pour la politique, pour la santé et le bien-être des gens. C'est cela la réussite. Mon objectif est d'aider les gens à se surpasser. Et c'est ce que fait Scrum pour les gens. C'est incroyable ce qui s'est passé. C'est une énorme surprise pour moi. Cela fonctionne dans toutes les cultures, dans tous les pays et dans toutes les entreprises. C'est tout simplement incroyable. Et les gens s'en sont emparés et l'ont appliqué eux-mêmes. Ce n'est donc pas moi, c'est eux qui le font. Ma réussite est donc d'avoir contribué à rendre cela possible.

HK : C'est tout simplement époustouflant. Votre succès n'est donc pas lié à l'argent.

JS : Voici le secret et le cœur du véritable succès. Il vient du cœur, il vient du don, il vient de l'aide expansive aux autres. Si vous faites bien cela, vous aurez beaucoup d'argent. Je n'ai aucun problème avec l'argent. Je n'ai pas plus d'argent que Bill Gates, mais j'en ai suffisamment. C'est le Scrum qui me l'a donné. Les gens du monde entier veulent que je vienne parler de Scrum partout et tout le temps. Chaque fois que j'ai besoin d'argent, je vais quelque part. Les gens veulent toujours en entendre parler.

HK : Pouvez-vous me donner un conseil pour réussir en général ?

JS : Aujourd'hui, les choses sont construites par des équipes. Il est évident que les individus restent une source directe d'inspiration et d'innovation. Mais les individus ne peuvent même pas mettre en œuvre de très bonnes idées s'ils ne sont pas entourés d'une très bonne équipe. Les gens doivent donc apprendre à travailler en équipe, et c'est là tout l'intérêt de Scrum. Ils doivent comprendre comment ils peuvent réellement aider les gens. Nous avons appris cela dans la Silicon Valley. J'y ai travaillé quelques années et cela a également affecté Scrum. Comment les entreprises de la Silicon Valley se lancent-elles ? C'est toujours le fait d'une petite équipe. C'est toujours grâce à une idée géniale. C'est une idée qui change le monde. Ils s'amusent chez Google et ils ont plus d'argent qu'ils ne savent en faire. Mais ce n'était pas pour chercher l'argent ; il s'agissait en fait d'une idée qui changeait le monde et de créer un environnement où les gens pouvaient s'amuser à la mettre en œuvre.

HK : Merci beaucoup pour votre temps.